Aujourd’hui nous avons eu envie de vous en dire plus sur Delphine Barre, notre super responsable du pôle textile.
D’où vient Delphine ?
Originaire de Bordeaux, Delphine grandit dans un vignoble bio marquant depuis sa tendre enfance une forte sensibilité aux notions de terroir et d’impact. Son univers est marqué par le savoir-faire manuel, les arts et la culture. Elle alterne entre les musées, expositions, théâtres et des sessions de bricolage, de créations manuelles à l’argile, de sculptures, de suspensions… faisant de sa chambre un cabinet de curiosité.
Après avoir été détournée d’une école d’arts, elle choisit de faire une école de couture proposant une option arts plastiques. L’aspect technique de cette formation la passionne entre le moulage, le travail sur des mannequins, le volume, la sculpture.
Elle s’implique rapidement dans la vie associative sur Bordeaux. Elle fait 2 années d’études en histoire de l’art et archéologie. Alors qu’elle travaille dans un théâtre, elle rencontre Elise Le Du-Motais, comédienne à l’époque. Sous le nom “Les Chiffonnières”, elles se lancent dans la confection de costumes pour des amis acteurs à partir de récupération de tissus.
Quel est son parcours ?
Delphine poursuit ses expériences au travers de voyages et dans différents univers. C’est à Londres, où elle passe 5 ans, qu’elle développe son appétence pour le travail d’équipe, la coordination de projet, utilisant les méthodes d’intelligence collective.
Puis elle rentre en France en 2009 avec de nouvelles envies et une certaine maturité. Elle cherche à allier son métier technique d’artisan avec ses considérations écologiques. Delphine se rapproche alors d’une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) à Rennes, puis chez Chrysalide dans le Finistère qui fait écho à ses expériences passées et son envie de “refaire réseau”. Elle se heurte pourtant aux difficultés de l’artisanat, à une certaine précarité malgré le statut d’entrepreneur-salarié. En 2012, elle se lie à différents collectifs, et découvre sa grossesse alors qu’elle avance sur un projet d’activité. Après les 1 an de sa fille, elle recommence à travailler dans une biocoop puis travaille sur son projet de Caravane à crêpes pendant une saison.
Comment Delphine s’est liée à l’Argonaute ?
En 2016, Delphine reprend contact avec Elise qui est au même moment en train de créer l’Argonaute avec Stéphanie Soulier. Elle est présente lors de la remise des clés de l’Argonaute, elle met la main à la pâte lors des chantiers participatifs. Ne restant qu’un seul atelier disponible à l’Argonaute, Delphine décide sur un coup de tête de le prendre pour relancer une activité entrepreneuriale. Cela change tout pour elle. Tout en faisant partie de la communauté du tiers-lieu, Delphine s’inscrit pour suivre le parcours d’émergence de projet avec Entreprendre au Féminin. Du Vent Dans Ta Jupe naît le 15 mai 2017. Avec cet accompagnement et entourée de ces 20 femmes, Delphine prend conscience de son bagage de formatrice : elle est légitime et compétente pour transmettre à son tour.
“Du Vent dans Ta Jupe” se construit ainsi autour de cours de couture et de création de vêtements confectionnés avec des tissus biologiques, durables, en réemploi avec des coupes allant à toutes les morphologies et pouvant être portés toute l’année.
Elle s’investit rapidement dans l’Argonaute et devient co-présidente de l’association, autour des sujets événementiels. En 2021, alors que l’Argonaute fait sa mue en coopérative et que l’association culturelle Les Coraux est créée autour des actions événementielles, de promotion du réseau, elle décide de s’y impliquer.
Quel est ton rôle dans l’émergence du projet Uzinou ?
En 2020, le choc de la pandémie arrive. En tant que couturière, elle est constamment contactée pour des masques ou autre protection. Elle s’organise alors avec Meriem Hammi, et elles créent L’Usine Invisible avec Anne Morice et Gwenn Suanez. Elles se retrouvent pour écrire un manifeste qu’elles lancent sur les réseaux sociaux pour se regrouper en réponse à l’urgence. Les sollicitations n’arrêtent pas et, très vite, la production se met en place. Cette coopérative éphémère réunit des auto-entrepreneurs, entreprises, CAE, collectivités. Le projet se déplace : de l’ICAM à Vannes, au Ty Hanok à Auray et dans les locaux de la mairie annexe de Brec’h.
Au total : 200 couturiers et couturières du Morbihan ont réalisé 200 000 masques.
Cette période a révélé le besoin de travailler ensemble. “Ce qu’on a apprécié était d’avoir du lien, de se rencontrer, de se passer des infos, le partage en pair to pair.”
Ce moment d’urgence passé, le retour à la vie normale se fait. C’est dans ce contexte que l’appel à manifestation d’intérêt « Manufacture de proximité » paraît. L’Argonaute et la FABrique du Loch discutent et décident de répondre avec un volet de lieu ressource textile pour le territoire.
Quels enjeux identifie-t-elle pour l’univers textile et pour l’Uzinou ?
Il y a besoin de relocaliser la production, de mutualiser des machines, des espaces et de partager des savoir-faire. La production doit se faire au plus près des consommateurs et favoriser l’économie circulaire, tel qu’en recyclant d’anciennes voiles.
L’Uzinou doit être un lieu ressource, d’un point de vue réseau et humain, facilitant l’acquisition de connaissances, la transmission entre professionnels et amateurs, et le développement d’activités.
Il y a enfin un enjeu d’inclusion avec les ouvriers de l’ESAT. Le pari relevé montre que cela fonctionne bien. “On l’a pressenti, on le vit, on l’expérimente”.
Pour échanger sur l’Uzinou, écrivez à : uzinou56@gmail.com
Pour discuter avec Delphine sur son activité « Du Vent dans Ta Jupe », vous pouvez lui écrire ici : https://duventdanstajupe.com/contact/